Motivations et objectifs scientifiques

Le bassin versant expérimental du Strengbach est localisé dans le massif vosgien entre 880 et 1150 m d’altitude, sur la commune d’Aubure (Haut Rhin) à environ 80 km au Sud-Ouest de Strasbourg. Le ruisseau du Strengbach y prend sa source, ensuite il se jette dans la Fecht qui rejoint l’Ill et enfin le Rhin. Ce bassin versant est un écosystème de 80ha où les parcelles forestières occupent 80% de la surface du site (Pierret et al., 2018). Les deux espèces principales sont les épicéas et les hêtres qui représentent respectivement environ 80% et 20% des peuplements. Des signes de dépérissement forestier sont apparus dans les années 80 sur ces peuplements. Le bassin versant est éloigné de toute source directe de pollution, sans habitation et sans activité humaine directe hormis l’exploitation forestière. Cette dernière consiste en de l’entretien de parcelles, coupe, circulation d’engins forestier et de débardage, ce qui peut amener un certain nombre de perturbations (création de chemins, coupes massives sur parcelles privées). L’impact des travaux forestiers sur le site est d’ailleurs un sujet de recherche en lien avec l’OHGE (Cotel et al., 2020).

 

L’acquisition de chroniques climatiques, hydrologiques et géochimiques depuis 1986 sur ce bassin versant forestier vosgien permet d’y étudier, entre autres, les thématiques suivantes :

  • le fonctionnement hydrologique à l’échelle d’un petit bassin versant de montagne et la question de l’évolution et la préservation de la ressource en eau (stock, recharge, infiltration, rôle des zones profondes et de la zone humide, qualité chimique des eaux) ;
  • les processus d’échanges à l’interface atmosphère/eau/sol/plantes et en particulier l’évolution de la fertilité minérale des sols (Ca, Mg, K, P) ;
  • les processus d’altération et d’érosion qui sont responsables de l’exportation des flux dissouts et particulaires et de leurs dynamiques ;
  • la réponse des écosystèmes aux perturbations environnementales (pluies acides, exploitations sylvicoles, changement climatique) ;
  • la caractérisation, l’analyse et la modélisation des évolutions futures.

 

Étudier la zone critique nécessite de développer une approche pluridisciplinaire, ce à quoi nous nous attelons depuis plus de 15 ans. Jusque dans les années 2000 les travaux scientifiques sur le bassin versant du Strengbach étaient surtout liés à l’étude de l’impact des pluies acides et du cycle biogéochimiques de quelques ions (sulfate, nitrate, Ca, Mg, K, Sr). Puis de nouveaux isotopes ont été testés (U, B, Li, Ca) et les champs disciplinaires se sont ouverts (modélisation hydrologique, géophysique, écologie, microbiologie) jusqu’aux sciences humaines, sociales et artistiques ces dernières années.

Par ailleurs, la présence des scientifiques sur le site depuis plusieurs décennies a permis de créer des relations fortes avec les citoyens, la commune et les acteurs locaux (associatifs et institutionnels) permettant de mettre en place des projets art-sciences-sociétés.